Bah voyons!

Publié le par 1pas-en-avant

Je me rends compte que je n’ai pas avancé dans mon résumé des vacances à Madrid… Tant pis, je reprendrai plus tard. Ce sera encore plus sympa de me replonger dans l’ambiance quand l’automne sera plus avancé.

On repart sur le thème de la PMA. Ces derniers temps, humeur en dents de scie : quelques bonnes nouvelles par ci par là (une amie pour qui le dossier d’adoption se présente plus que bien, une autre Pmette qui semble bien avancer), mais des moments plus difficiles aussi (léger accident de bagnole, 2 accouchements d’amies en 1 semaine). Bref, vendredi soir, rendez vous chez le médecin, pour faire le point après 3 mois de traitement d’antidépresseurs (soit à mi-chemin, le traitement étant sensé durer 6 mois minimum). Le Dr B. me reçoit avec 45 minutes de retard, la salle d’attente est bondée. Elle me demande comment ça va, je lui réponds que ça va mieux, elle me demande si je souhaite commencer à diminuer les doses, je lui réponds que oui. Jusqu’à présent, tout va bien. Je lui demande si les quelques troubles rencontrés récemment (notamment les cycles menstruels perturbés) peuvent être liés au traitement. Là, la question qui tue : « vous prenez quoi, comme pilule? » Quelques secondes de blanc, pendant lesquelles je me demande si elle se fiche de moi, avant de me ressaisir en me disant qu’elle a beaucoup de patients, qu’il est 19h un vendredi, et donc qu’il n’est pas si dingue que ça qu’elle ne se souvienne pas de ma situation. Je lui réponds donc que je ne prends pas la pilule. Elle me dit que normalement ce médoc n’a pas pour effet secondaire de perturber les cycles, vérifie dans un gros bouquin et au final penche pour un léger dérèglement hormonal, rien de bien grave selon elle. OK.

Sur ce, elle me demande si, parallèlement au traitement, j’ai amorcé un suivi psychologique. Je lui réponds avoir effectivement vu une psy l’année dernière, mais avoir mis fin au suivi, notamment parce que la psychologue m’avait indiqué que, d’après elle, je n’avais pas besoin d’un suivi régulier. Le Dr B. me regarde avec de grands yeux, visiblement interloquée (« Queuahhhh???? Il y a des professionnels de la santé qui préfèrent jouer franc jeu et ne cherchent pas à tout prix à se faire de la thune sur le dos de patients???? Non????? » -->  Bien sûr, elle n’a pas dit ça, hein!) Elle me demande qui était la psy en question, je lui donne le nom, ce à quoi elle répond : « ah? Pourtant elle est bien habituellement? » Stupéfaite (et déjà un peu en colère qu’elle se permette de porter un tel jugement sur une professionnelle, sans connaître les tenants et aboutissants de l’affaire), j’apporte une précision :
« Oui, parce qu’en fait, d’après la psy, le problème étant bien identifié, il n’y a pas grand-chose à faire.
- Ah, d’accord, c’est réactionnel!
- Voilà.
- Et votre problème, vous pensez que vous allez le résoudre rapidement? »
C’est mon tour d’ouvrir de grands yeux. Bah oui, connasse, c’est quand même tout simple, je n’y avais même pas pensé! Suffit juste de résoudre le problème!
« Euh… en fait ça ne dépend pas vraiment de moi, donc bon…
- …
- En fait, mon conjoint et moi faisons des FIV.
- Ah… et donc là vous ne pouvez pas en faire à cause des antidépresseurs?
- Non, enfin oui, avec les antidépresseurs ça ne colle pas, mais de toute façon nous préférons espacer les tentatives.
- Ah bon? Mais si vous faites ça, le problème risque d’être prolongé et de ne pas être résolu rapidement!
- Oui, mais quand même, c’est assez éprouvant physiquement. Là, la dernière tentative date d’avril, je commence à peine à m’en remettre, il est d’ailleurs très probable que mon dérèglement hormonal vienne de là, et puis, faut pouvoir gérer avec le boulot. Il y a beaucoup de rendez vous médicaux, des absences inévitables, il faut pouvoir s’organiser, une fois par an c’est déjà bien suffisant!
- Et vous avez des embryons congelés?
- Non… Notre grande difficulté à chaque fois, est d’avoir des embryons : 0 à la 1ère tentative, 2 à la 2nde.
- Ah… et ils étaient de mauvaise qualité?
- Non, mais il n’y a que 30% de chances à chaque tentative que ça marche, alors… Enfin, voilà, quoi. Espacer les tentatives nous permet aussi de les optimiser, pour être dans les meilleures conditions possibles.
- Oh mais y a pas de raison que ça ne marche pas à un moment!
- Oui, mais nous n’avons que 4 tentatives.
- Bon, en même temps, il me semble qu’il y a toujours moyen de contourner cette règle.
- C’est vrai, on peut avoir une dérogation de la sécu pour une 5ème tentative, voire financer nous même une tentative.
- Oui, il y a des couples qui font ça.
- Mais malheureusement, à 5000€ la tentative, ce n’est pas dans nos moyens…
- Quand on veut vraiment quelque chose, on s’en donne les moyens. »

Et pan! Mais oui, si je n’ai toujours pas d’enfant, c’est que je ne m’en suis pas vraiment donné les moyens, et que je ne le veux donc pas vraiment… Estomaquée, je commence un peu à m’agacer:

« Tout dépend des revenus… Avec mon salaire et celui de mon conjoint, ce n’est pas envisageable.
- Oui, enfin, par exemple, quand on achète une voiture, c’est tout de suite 15000€ »

Mais bien sûr pétasse, suis-je bête, moi qui achète une bagnole tous les 6 mois (entre deux sacs Chanel, 3 paires de Louboutin et un tour du monde), je ferai mieux de me « payer un bébé » ! Parce que oui, cette brave dame compare la conception d’un enfant et l’achat d’une bagnole, et semble penser que tout est accessible à tout le monde, à condition de « s’en donner les moyens ». Oui, je pourrais financer une tentative, je ne suis pas stupide, je le sais et y ai même déjà pensé. Parce que oui, je sais qu’il y a un risque que j’épuise mes 4 tentatives sans que rien n’aboutisse, parce que oui, retarder l’échéance, c’est peut être une forme de lâcheté. Je pourrais faire un prêt, arrêter de me faire des ptits voyages avec mon amoureux, du shopping avec mes copines, mais si je fais tout ça, cela ne signifie t-il pas que ma vie se résume à mon combat pour avoir un enfant? Est ce que mon couple, mon projet de vie à 2, se résument au dossier bleu qui dort dans le meuble de la salle à manger, le dossier PMA? J’ose espérer que non… Mon gynéco est sans doute l’une des personnes les moins douées d’empathie que j’aie pu rencontrer, mais jamais, jamais, il ne s’est permis de porter un jugement de valeur sur nos choix, à mon conjoint et à moi. Nous lui avons expliqué vouloir espacer les tentatives, il a acquiescé et dit que le mieux était de faire comme nous le sentons. Peut être que, empathie ou pas, le fait de travailler en PMA a pour conséquence une réelle connaissance de l’impact de ces pratiques sur les personnes, tant physiquement que moralement.
Ce n’est pas la première fois que je suis sidérée par le manque de tact et l’imbécilité des « autres » quand le thème de la PMA est abordé, mais à chaque fois, ça fait mal, très mal. Je me suis sentie jugée indigne d’être Maman, ça fait un mal de chien… Parfois, on a juste envie de s’enfermer dans un cocon, de se couper des autres, par peur d’être à nouveau blessé. Les jugements de valeur, les discours culpabilisateurs, je n’en veux plus. Jamais.

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Merci Magali pour ce gentil message! On en est quasi au même point : 3 ans et demi d'essai pour moi, dont un peu plus de 2 ans en PMA. Le temps passe et fait des ravages, mais je me dis que si un<br /> jour on atteint notre objectif, toutes ces douleurs auront valu le coup! Et puis comme vous le dites, cela aura permis de chouettes rencontres! Bonne chance à vous!
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M
Bonjour, je suis tombée par hasard sur votre blog. Je suis également dans un parcours PMA (4 ans, dont deux de traitement). En vous lisant, je ressens de la colère et de l'indignation, et un<br /> curieux sentiment de déjà vu. Il n'empêche, manquer à ce point d'empathie et de bon sens, c'est consternant! Mais il y a aussi de belles rencontres, avec beaucoup d'humanité. Alors je me permets de<br /> vous laisser ce petit mot pour vous dire de ne surtout pas laisser tomber et de ne pas baisser les bras. Plein de courage!
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Merci beaucoup Volcane de ce commentaire. Où en êtes vous de votre parcours?<br /> Comme vous l'avez constaté par vous même, l'ignorance des "autres" en ce qui concerne la PMA est juste impressionnante... En dehors des personnes directement confrontées à cette situation, il est<br /> hélas rare de rencontrer des gens compréhensifs, et il faut juste apprendre à se "blinder" (même si pas facile tous les jours!!)
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V
Bonjour, je passe par hasard sur votre blog. Je suis aussi dans ce difficile combat qu'est la PMA. Je suis sidérée du peu de connaissance des médecins sur la PMA. J'en ai déjà rencontré qui me<br /> regardent, surpris, quand on leur dit qu'une FIV était négative. Eux pensent qu'elle doit être forcément positive ! Je suis sidérée également par ce que ce médecin a osé vous dire "quand on veut<br /> quelque chose, on s'en donne les moyens !" Je trouve cela tout simplement ignoble. N'avez vous pas pensé à changer de médecin ?<br /> Amicalement,<br /> Volcane
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Merci les filles, vous êtes vraiment adorables!! Bon, de la part du médecin je ne suis que moyennement étonnée, il y a quelques mois j'avais du lui expliquer la différence entre IAC et FIV, donc je<br /> sais qu'elle n'y connaît rien. Par contre, sa remplaçante est top, quand j'aurais un souci je m'arrangerai pour la voir plutôt elle. Même si ce rendez vous a été un peu un coup de massue, je me<br /> sens en paix avec mon choix de ma limiter à une FIV par an, d'autant que la décision a été mûrement réfléchie avec mon conjoint, et avec l'aval de la PMA, c'est tout ce qui compte!<br /> Bisous à toutes, et encore merci de votre soutien.
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