Et un jour, le téléphone sonne.
Plus d'un an, encore une fois, que je n'ai pas posté. J'ai été à plusieurs reprises sur le point de le faire (si, si, c'est vrai! juré craché!) et puis j'ai zappé. Le temps passe, plein de choses à faire, la flemme. Et je n'ai plus ressenti le besoin d'écrire, sur le blog du moins. A vrai dire, j'ai fini par quasiment oublier l'existence de ce blog.
Hier, j'ai reçu des notifications par mail m'informant de commentaires rédigés ici. Je les ai lus, et en ai été très touchée. Que ce soit pendant la PMA ou le parcours adoption, j'ai passé des années à lire les blogs, recueillir les témoignages, suivre les histoires de vie des uns et des autres, espérant lire de bonnes nouvelles qui me prouveraient que oui, elles arrivent, tout en les redoutant car cela me renvoyait à ma propre situation qui semblait stagner. Le monde de l'adoption est petit, et solidaire, j'en ai de plus en plus conscience, et je suis fière d'y appartenir tant j'y rencontre de belles personnes. Alors si je peux apporter un micro gravillon à l'édifice en partageant mon histoire, si je peux faire sourire une personne en lui montrant que oui, un jour l'attente prend fin, alors ça vaut bien de tapoter sur un clavier un petit quart d'heure, non?
Et oui, vous l'aurez compris, l'attente s'est terminée pour nous, et à l'heure où j'écris ces lignes, mon petit garçon dort tranquillement dans sa chambre.
La COFA nous a donc donné son feu vert en novembre 2016, et nous avons commencé à constituer le dossier. Ce fut long, fastidieux, parfois décourageant, mais nous avons réussi à tout boucler dans les temps. En parallèle, nous participions au groupe de parole postulants EFA de notre département. Ces séances faisaient un bien fou, parce que, même si souvent nous avions un peu la flemme d'y aller le soir après une journée de travail, échanger avec des personnes dans notre situation, connaissant les mêmes galères, les mêmes appréhensions, avec des codes communs, était une vraie bouffée d'oxygène. Je ne vais pas mentir, il m'arrivait de me décourager totalement, la trouille de vivre la même chose qu'en PMA, à savoir de voir les projets de tout le monde aboutir, sans que jamais notre tour ne vienne.
Avril 2017. Le dossier est bouclé, nous appelons la COFA qui nous informe qu'il est parti en Chine et que nous attendons désormais qu'il soit officiellement enregistré. En même temps,il nous est précisé que les adoptions se font désormais au compte goutte, et qu'il n'y a aucune garantie que notre projet aboutisse un jour. Coup dur. Nous nous étions pris à espérer un voyage en Chine pour 2017, et réalisons que c'est très improbable. 2018, peut être? Ce jour là, nous sommes à Paris, où nous passons une semaine de vacances en amoureux. Nous sommes au resto, et les larmes viennent, une fois de plus. Mais le moral finit par revenir et, début mai, nous sommes de nouveau gonflés à bloc. Dans notre groupe de parole, deux familles viennent d'être apparentées, à quelques jours d'intervalle. Jamais deux sans trois, font remarquer les animatrices. Et si c'était nous?
19 mai 2017. Un vendredi matin. La veille, j'ai eu un appel en absence sur mon téléphone, d'un numéro que je n'ai pas enregistré. Pas de message, une pub, sans doute. Ce matin là, je viens de finir mon petit déj, et m'apprête à aller me brosser les dents pour partir au boulot. C'est jour de déplacement professionnel. Ces journées là sont toujours très chargées, j'en reviens épuisée, mais les apprécie beaucoup car c'est l'occasion de faire un resto avec une collègue que j'apprécie beaucoup. Pourquoi ai-je jeté un coup d'oeil à mon téléphone à ce moment précis, avant d'aller me brosser les dents, ce que je ne fais jamais? Toujours est il qu'au moment même où je regarde mon téléphone, il sonne. Dans la précipitation, je raccroche au lieu de décrocher. Le même numéro que la veille. Je rappelle, et tombe sur le standard du conseil départemental. Fébrile, je demande à joindre le pôle adoption, qui vient d'essayer de me contacter. La secrétaire m'indique qu'effectivement, la responsable du pôle a essayé de me joindre, et qu'elle me rappelle au plus vite, ce qu'elle fait effectivement quelques secondes plus tard.
"Allo, Madame X?
- Oui...
- C'est Mme Y du pôle adoption. Vous avez toujours le projet d'adopter?
- Oui...
- Où en êtes vous de votre projet?
- Nous avons constitué un dossier pour la Chine avec la COFA, et sommes dans l'attente.
- Et êtes vous toujours intéressés pour adopter un pupille?
- Oui...
- Et bien, nous avons un enfant à vous proposer.
- Oh... Excusez moi, il faut que je m'assois..."
Et je l'écoute m'expliquer qu'elle ne peut nous en dire plus pour le moment, mais qu'elle propose de nous rencontrer la semaine suivante pour nous parler de cet enfant. Les larmes coulent, je suis totalement déboussolée, submergée par l'émotion, je n'en reviens pas. Tellement à l'ouest que je ne pose aucune question.
La journée, je l'ai vécue sans être vraiment présente. Le midi, au resto avec ma collègue, nous avons trinqué, le weekend a été interminable. Et puis nous avons eu deux rendez vous au conseil départementale, les 23 et 24 mai, avec la responsable du pôle adoption, l'éducatrice qui avait fait notre évaluation, et la psychologue référente de notre enfant. Le 24 mai, ayant enfin toutes les informations, nous avons accepté la proposition, et contacté nos familles. Ce jour là, nous sommes devenus les parents d'un petit garçon épatant de 2 ans, en parfaite santé.
Le 12 juin, nous avons rencontré notre fils, que nous avons accueilli à la maison, une semaine plus tard.
Cela fait maintenant 7 mois que nous sommes devenus une famille, la maison est sens dessus dessous, je trébuche régulièrement sur un légo ou une petite voiture, le chat est traumatisé de se faire courser par un petit être maladroit, les journées sont rythmées par ce petit bout.
Le téléphone a sonné, et l'attente a pris fin, comme ça, sans crier gare. Une vie qui bascule en 1/10e de seconde.