Adieu, petite maison biscornue

Publié le par 1pas-en-avant

Elle a 25 ans, il en a 29. Ils sont jeunes, ils s'aiment, ils ont des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux. Ils pensent que pour avoir quelque chose, il faut le vouloir et y croire très fort.

 

Ils rêvent d'une maison. Une maison à eux. Où les rêves deviendront réalité, où leurs enfants grandiront. Ils cherchent. Et elle est là. Petit maison biscornue. Où chaque porte dévoile une nouvelle surprise. Lilas, hortensias, rosiers. Il s'imaginent dedans, ils en rêvent, puis s'y installent.

 

Pour fêter l'arrivée, une bouteille de Champagne, un bain chaud plein de bulles.

 

Les cartons se défont, des éclats de rire, de la joie, toujours plein de rêves.

 

Le premier printemps arrive et avec lui, les fleurs du jardin : tulipes, jonquilles. Ils plantent d'autres fleurs, des fraisiers.

 

Ils veulent un bébé. Ils sont jeunes, ils s'aiment, ils ont des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux. Ils pensent que pour avoir quelque chose, il faut le vouloir et y croire très fort.

 

Vient le premier été. Pas encore de bébé, mais le soleil est là : premiers barbecues, la maison est pleine d'amis, de rires, de bonheur.

 

Vient l'automne, puis l'hiver. Pas encore de bébé, mais Noël est là : le sapin, les guirlandes, puis la neige.

 

Une année est passée. Elle a 26 ans, il en a 30. Ils sont un peu moins jeunes, ils s'aiment, et découvrent la PMA. Ils ont toujours des rêves plein la tête et des étoiles plein les yeux. Ils pensent toujours que pour avoir quelque chose, il faut le vouloir et y croire très fort.

 

Les semaines, les mois, puis les années ont passé. Toujours pas de bébé. Le jardin est laissé à l'abandon. Ils sont moins jeunes, ils s'aiment, même si dans leurs yeux les larmes ont remplacé les étoiles. Même si l'espoir a laissé place à la tristesse, à la colère, à la résignation. Ils essaient de profiter du moindre petit bonheur, du moindre rayon de soleil, comme un pied de nez à ce sort qui s'acharne. La plupart des amis ont cessé de venir, comme si le chagrin était contagieux.

 

Elle a 30 ans, il en a 34. Les déménageurs sont venus, la petite maison biscornue est vide. Ils s'entassent dans la voiture, avec le chat, et ce que le camion n'a pas pu emmener. Ils partent loin. Loin de la petite maison biscornue, des hortensias, des lilas, des rosiers. La fuite est amère. Mais l'espoir n'est pas loin, prêt à renaître ailleurs.

 

Plusieurs mois ont passé.

 

La petite maison biscornue ne sera bientôt plus vide. La glycine a poussé, anarchique, s'entremêlant au rosier sur le mur de la façade. Les fraisiers ont disparu sous les mauvaises herbes. C'est l'hiver, il fait nuit. Ils reviennent récupérer les dernières affaires, comme les utimes vestiges de ce rêve qui n'est plus.

 

Et puis le notaire. Papiers signés. Clés remises.

"Félicitations, dit le notaire aux nouveaux. Vous êtes propriétaires!

- C'est notre première maison, c'est un rêve qui se réalise!"

 

Peut être...

 

Ils prennent la route. Cette fois, ils ne reviendront plus. Puisse l'histoire s'écrire différemment ailleurs. Ce n(était pas le lieu, pas le moment, même si les étoiles dans leurs yeux et les rêves dans leurs têtes leur ont dit le contraire. Adieu, petite maison biscornue.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
E
Je découvre ce post à l'instant. C'est tellement bien écrit, touchant. C'est votre histoire et je te promets que le futur sera fait d'espoirs et de joies, pas que bien sûr, mais l'avenir est là,<br /> devant vous, la porte va s'ouvrir vers des demains enchantés et enchanteurs avec votre famille.<br /> Gros bisous,<br /> Elise
Répondre